Et bien voilà c’est la fin de mon voyage à Oman, je suis de retour à Paris… le road trip est terminé.

Je reprends donc mon Mac et je me remets à écrire, ce que j’aime faire le plus depuis des mois maintenant, je dois dire que ça m’a beaucoup manqué…

À ce propos, vous savez j’ai tendance à tout planifier dans ma vie, je laisse peu de place à l’improvisation, je tiens un planning de publication sur mon blog, ainsi mes 8 prochains sujets d’articles sont déjà prévus et planifiés… on dit de moi que je suis quelqu’un d’organisé et pourtant là pour le coup je ne vais pas du tout l’être ! Place à l’improvisation…

Pour être tout à fait honnête avec vous je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de faire cet article mais j’en ressens le besoin. Depuis la création de la rubrique « Humeur » sur mon blog j’ai pris plaisir à me livrer et à partager des choses plus intimes, des expériences plus profondes parce qu’au final c’est ça la vraie vie.

Mon envie de vous écrire cet article et née de mon immersion dans le village le plus pittoresque d’Oman : Misfat.

Un village de maisons très anciennes, délabrées, non entretenues, beaucoup de terre et de pierres, des hommes aux pieds des maisons à discuter et à observer les passants… c’était là leur seule occupation. Aucun commerce à l’horizon, on avait la sensation qu’il n’y avait pas de vie et pourtant c’était un village occupé et habité par des hommes, des femmes et des enfants.

 

 

La végétation embellissait le village, des bananiers un peu partout… Une palmeraie au milieu du village, c’était splendide !

Vous ne devez pas comprendre pourquoi je prends le temps de vous parlez de ce village ? Pourquoi m’attarder sur cette expérience d’immersion à Misfat? Et bien parce que j’y voyais mon père !

Alors non je ne suis pas Omanaise, mon père n’a pas vécu à Oman non plus, seulement ce village ressemblait comme deux gouttes d’eau au village dans lequel a grandir mon père au Maroc.

J’ai à peine passé 24 heures à Misfat, il ne m’a pas fallu plus de temps pour une fois encore m’émerveiller et me remémorer du parcours de vie de mon père, qui je vous assure mériterait qu’on en fasse un film ou un livre. À ce propos ma grande sœur a commencé à écrire son histoire depuis bientôt 3 ans… j’ai hâte que son projet de livre aboutisse…

Pour ceux qui ont suivi mon voyage à Oman sur les réseaux sociaux vous avez certainement dû voir que j’ai fréquenté que des établissements très luxueux. Il en était tout autre chose à Misfat puisqu’il s’agissait d’une maison typique, dans le respect du mode de vie des habitants du village.

Un dépaysement total… une immersion dans la pauvreté et dans l’authenticité qui m’ont rappelé la chance que j’avais, le confort dans lequel je vivais, et surtout le chemin incroyable qu’a pu faire mon père, lui qui est né dans un village tel que celui-ci au Maroc.

Mon père a travaillé depuis très jeune, dès l’âge de sept ans très exactement. Il sortait les bêtes, labourait la terre, récupérait le bois et s’occupait des animaux. Aujourd’hui je n’imagine pas demander à mes neveux de cet âge là de faire ça ! Je n’ose même pas les imaginer sans leur téléphone ou leur tablette… on est bien loin de ça !

À l’âge de 10 ans il a dû aller travailler pour des commerçants, il y était logé, parfois nourri, on le frappait tantôt et lui promettait un salaire qu’il n’avait pas toujours ou au bout de plusieurs mois.

Il ne lâchait pas prise, il est resté fort, et lorsque ça n’allait pas avec un patron, il trouvait moyen de s’enfuir pour en trouver un nouveau. Il avait un rêve en tête, il y pensait fort chaque jour et il s’y est accroché jusqu’à l’atteindre. Il économisait pour que ses pièces deviennent des billets jusqu’à rejoindre la grande ville.

Il avait grandi dans un village pauvre dans la montagne et pour tous campagnard le rêve ultime c’était de rejoindre la ville ! Il a beaucoup travaillé, il n’est plus retourné chez lui pendant très longtemps au point où ses parents le pensaient mort.

Il a ensuite travaillé en Algérie puis en Espagne, au sud de la France et  en région parisienne. Tout au long de sa vie, il n’a pas cessé de faire mieux, plus que la veille et moins bien que le lendemain, sans jamais baisser les bras… il est d’un courage incroyable !

Il a travaillé avec acharnement partout où il pouvait travailler!

Après avoir épousé ma mère, ils ont eu quatre enfants, il a alors travaillé encore plus sans jamais baisser les bras… Lorsque je pense à sa vie, aux épreuves, expériences, difficultés et challenges relevés je me dis que sa vie à lui seule en équivaut une dizaine !

Mon père était pauvre, très pauvre, un enfant qui a grandi pieds nus, sans jouer ni chambre ! Pauvre physiquement et financièrement mais tellement riche mentalement et de sa vie passée !

Ce voyage à Oman m’a rappelé là où mon père a débuté, là où mon père a fait ses premiers pas, là où mon père a commis un exploit.

Il a tout fait seul avec la sueur de son front. L’acharnement et la détermination étaient ses seuls amis!

Ce séjour à Misfat dans ce village à Oman m’a rappelé d’où venait mon père et m’a rappelé pourquoi mon éducation tout entière a été basé sur le travail et l’effort, sur le sérieux et la détermination.

Comment ne pas vouloir donner le meilleur de soi quand on a conscience du parcours et des efforts qu’a fait mon père pour offrir à sa descendance une vie meilleure ? Comment ne pas vouloir se dépasser pour obtenir la fierté de mon père? Comment ne pas vouloir faire de longues études et obtenir un diplôme dont aurait rêvé papa ? Comment ne pas donner satisfaction à mon père qui s’est tellement battu pour nous offrir à mes sœurs et moi un cadre de vie favorable à notre épanouissement ?

Il est le pilier de la famille, la réussite d’un immigré marocain qui est aujourd’hui français et qui s’est battu pour en arriver là. Un analphabète, sans diplôme, sans ressources, sans aucun contact ni piston. Juste lui, sa force et son mental!

Parce que quand on veut on peut et ça mon père me l’a toujours dit et mieux encore il en est l’exemple en personne !

Je suis si fière de lui, si vous saviez à quel point!

Sur les réseaux sociaux, vous m’entendez souvent parler de ma mère, faire des Insta direct avec elle ou des Stories, vous racontez des anecdotes et rarement avec mon père… nombreux sont ceux qui me demandent si je vois mon père, ou si je suis en froid avec lui… starfoullah! Mon père c’est l’homme de ma vie, il est avec moi, avec ma mère et au plus près de nous et au cœur de la famille… la curiosité de certains m’étonnera toujours… maintenant vous savez !

J’ai aucune préférence entre mes parents, de la même manière que je ne peux choisir entre ma main droite et ma main gauche ! Mon père et ma mère c’est la même chose.

Une relation si pudique avec mon père que j’ai rarement eu le courage de lui dire que je l’aime, je lui suis tellement reconnaissante de tous ses sacrifices et de la famille qu’il a construit.

Voilà pourquoi mon voyage à Misfat m’a beaucoup ému, je me suis souvenue de là où je venais, de là où mon père à débuter sa vie et là où il souhaite aussi la finir…

J’ai encore de la famille qui vit dans un village similaire au Maroc, et c’est pour toutes ces raisons que toute ma vie je travaillerai dur, que je suis une fille acharnée, déterminée, bâtante et que me plaindre n’est pas de ma nature et ne le sera jamais.

Je resterai souriante malgré les épreuves de la vie, malgré les difficultés du quotidien car elles sont rien à côté de celles vécues par d’autres ou celles vécues par mon père.

Je n’ai pas besoin d’aller chercher bien loin, un mentor j’en ai qu’un et c’est toi papa !

Papa si tu passes par là, je t’aime !